5 choses à savoir sur l'anatomie palpatoire

Qu’est-ce que l’anatomie palpatoire ? 

Parlons en premier lieu de la palpation qui peut se définir de plusieurs manières. Le mot palpation lui-même vient du latin palpatio, qui signifie «toucher». Cependant, définir la palpation comme un simple toucher est simpliste, car elle recouvre bien davantage. Dans le terme palpation, il n’y a pas seulement le fait de toucher, mais également l’action de sentir ou de percevoir ce qui est touché. Une palpation efficace exige que nous sentions avec notre conscience autant qu’avec nos doigts. 

Quand il palpe, l’ostéopathe place son attention sur la région palpée avec l’intention de ressentir ce qui passe dans ses mains. Son savoir anatomique en rapport avec ce qu’il palpe doit être intégré à ses sensations. La combinaison de tous ces paramètres permettent au praticien d’être le plus précis possible dans sa pratique de l’anatomie palpatoire.

Palpation en anatomie palpatoire

Quels sont les objectifs de l’anatomie palpatoire ?

Repérage de la structure

Le premier objectif de l’ostéopathe est de localiser la structure à palper. Le praticien ne doit pas simplement toucher les tissus du patient mais bien parvenir à les palper en distinguant la structure cible des tissus adjacents. Cela exige que le praticien soit capable de repérer les limites de la structure. Si la structure est superficielle et immédiatement sous la peau, ce sera sans doute plus facile. Par exemple, la patella ou bien un muscle deltoïde peuvent être visuellement évidents et repérés sans même toucher le corps du patient. Par contre, si la structure cible est située plus profondément dans le corps du patient, la repérer peut devenir une tâche plus complexe. Le repérage constitue une première étape absolument capitale, car si une structure ne peut pas être repérée avec précision, elle ne peut pas non plus être évaluée avec exactitude.

Evaluation de la structure

Une fois la structure cible repérée, alors le processus d’évaluation peut commencer. L’évaluation implique l’interprétation des sensations collectées par les doigts palpatoires sur la structure cible. Cela suppose de devenir conscient des qualités de la structure cible notamment de sa taille, sa forme et ses autres caractéristiques. La qualité tissulaire intrinsèque de la structure sera également évaluée pour déterminer si elle est par exemple dure, molle, gonflée, etc.

Comment palper ? 

Bouger lentement

La palpation nécessite une concordance entre les mains et le cerveau. Il est important que l’ostéopathe dispose d’un temps suffisant pour interpréter et donner un sens aux informations qu’il reçoit au niveau de ses doigts. En conséquence, sa palpation sera effectuée lentement.

Bouger lentement dans sa palpation

Utiliser une pression adaptée 

Parce que la palpation est un entraînement à la sensation, il est impératif que les doigts du thérapeute soient sensibles aux tissus du patient sur lesquels il les pose. Cependant, quantifier la pression de palpation est difficile. Un bon moyen de la déterminer consiste à surveiller le blanchiment des ongles des doigts palpatoires. S’ils sont décolorés, la sensibilité est très certainement perdue et souvent le confort du patient est altéré. Si un patient se contracte musculairement au niveau de la zone palpée, c’est bien souvent que la pression de palpation provoque une douleur ou un inconfort. Cela rend impossible l’évaluation précise du tonus musculaire et cette pression doit être considérée comme excessive. 

La pression optimale est celle qui est adaptée aux circonstances. Certains patients supportent mal une pression forte, ressentie comme douloureuse. D’autres n’apprécient pas une pression très légère parce qu’elle chatouille leur peau ou au contraire ils préfèrent une pression légère. Parfois le même patient préfère une pression légère dans une région du corps, et une pression appuyée dans une autre région. 

La pression du toucher en ostéopathie

La barrière tissulaire

En appuyant sur les tissus du patient, les doigts palpatoires s’enfoncent habituellement jusqu’à sentir une barrière tissulaire. Le praticien ressent une barrière tissulaire quand les tissus du patient opposent une résistance accrue à la pression des doigts du thérapeute. Le tissu qui constitue cette barrière est souvent le tissu important à repérer et à évaluer. Il est important de ne pas pousser aveuglément à travers cette barrière tissulaire; il est préférable de s’adapter à la résistance de ce tissu et de l’explorer plus à fond. 

Si une structure se situe à une profondeur de trois couches tissulaires, alors elle peut être impossible à palper, à moins d’appuyer plus profondément. Par exemple, accéder au muscle psoas-iliaque au niveau de l’abdomen exige une bonne quantité de pression. Cela ne signifie pas que le praticien doive se montrer brutal, mais, s’il n’utilise pas une pression suffisante, le muscle reste inaccessible et ne peut donc pas être palpé, localisé ou évalué.

La qualité du toucher palpatoire 

D’autre part, la qualité du toucher palpatoire doit être confortable pour le patient. Quand le praticien palpe avec les doigts, l’idéal est de palper avec la pulpe des doigts et non pas avec le bout des doigts. En effet, la palpation avec le bout des doigts a tendance à être ressentie par le patient comme s’il était piqué et non palpé. Pour le praticien, la palpation avec la pulpe des doigts est également plus adaptée car la pulpe des doigts est plus sensible que le bout des doigts et permet de mieux percevoir ce qui passe dans le corps du patient.

A quel moment utiliser la palpation lors d’une séance d’ostéopathie ?

Il est impératif pour le praticien d’utiliser la palpation et non simplement le toucher durant une séance d’ostéopathie. Cela vaut non seulement pour le diagnostic ostéopathique, mais aussi pour le traitement. Le traitement n’implique pas juste le toucher avec la pression motrice dirigée vers les tissus du patient, mais aussi une information sensorielle continue en provenance de ces mêmes tissus. Cette information est susceptible de guider le praticien pour modifier ou ajuster son traitement. Idéalement, aucune manœuvre de traitement ne devrait être effectuée automatiquement et sans ressenti palpatoire. Le traitement est un processus actif et conscient. Le toucher attentif permettra ainsi une interaction fluide entre le diagnostic et le traitement pour une prise en charge optimale du patient.

Processus actif de la palpation

Comment apprendre à palper ? 

Répéter la palpation sur le patient

Quand vos mains sont sur vos patients, essayez constamment de sentir les structures que vous avez apprises en anatomie. Mieux vous vous représenterez la structure sous-jacente, plus vous serez capable de la sentir. Une fois ressentie, vous pouvez vous concentrer sur son repérage et sur l’évaluation de sa qualité tissulaire. 

Répéter la palpation sur le patient

Perfectionner votre palette palpatoire est un travail au quotidien en évolution constante. Plus vous vous améliorerez, plus votre potentiel palpatoire va s’accroître. Fondamentalement, la palpation est une habileté kinesthésique et de ce fait, vous progresserez dans votre palpation uniquement en travaillant votre palpation.

Sources

 

1.     Muscolino J. (2018) Manuel de palpation osseuse et musculaire

2.     Tixa S. (2017) Atlas d’anatomie palpatoire Tome 1

3.     Tixa S. (2017) Atlas d’anatomie palpatoire Tome 2

4.     J.P Beauthier, Lefèvre P. (1995) Traité d'anatomie (de la théorie à la pratique palpatoire) Tome 1

5.     J.P Beauthier, Lefèvre P. (1995) Traité d'anatomie (de la théorie à la pratique palpatoire) Tome 2

6.     J.P Beauthier, Lefèvre P. (1995) Traité d'anatomie (de la théorie à la pratique palpatoire) Tome 3

 

 

Liens et supports utiles

https://www.approche-tissulaire.fr/images/stories/fichiers_pdf/Memoires/memoire_Barbaste.pdf