5 choses à savoir sur les techniques en énergie musculaire

  • La pratique ostéopathique
  • 10 Février 2021
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Les techniques d’énergie musculaire sont des techniques de traitement ostéopathique. Durant la mise en place, le patient déplace volontairement une partie de son corps selon ce que lui indique spécifiquement le praticien. Cette action dirigée du patient se fait à partir d'une position précisément contrôlée, contre une résistance musculaire définie par le praticien. La dysfonction traitée est amenée contre la barrière motrice, ces techniques sont donc directes.

Qui a élaboré ces techniques ?

Les techniques d’énergie musculaire ont été développées par le médecin ostéopathe Fred Mitchell, Sr. (1909-1974). Elles ont ensuite été affinées et systématisées par Fred Mitchell, Jr et ont continué à évoluer grâce aux contributions de nombreux ostéopathes.

Fred Mitchell junior

Fred Mitchell junior

Des recherches scientifiques récentes ont démontré l’efficacité de ces techniques. Nous pouvons citer notament Gary Fryer qui a beaucoup travaillé sur les mécanismes d’actions et les effets physiologiques de ces techniques.

Gary Fryer

Gary Fryer

Comment se déroule une technique ?

 

  1. Tout d’abord, la dysfonction doit être amenée en barrière motrice dans tous les paramètres possibles. ll est toutefois plus efficace de garder un paramètre de mobilité relativement lâche car la dysfonction peut devenir récalcitrante si elle est simultanément maintenue à la limite dans tous les paramètres restrictifs.
  2. Le praticien demande au patient de contracter un ou des muscles spécifiques dans une direction donnée s'opposant à une contre-résistance inflexible du praticien pendant 3 à 6 secondes.
  3. Le patient interrompt la contraction musculaire quand le praticien lui demande de se relacher.
  4. Quand le patient relache, le praticien amène lentement le patient vers la nouvelle barrière motrice.
  5. Le praticien répète les étapes de correction 3 à 6 fois en fonction de la région traitée, de la tolérance du patient et jusqu'à l’obtention d’une correction satisfaisante de la dysfonction. 
  6. Le praticien réévalue les paramètres diagnostiques de la région en dysfonction pour juger de l'efficacité de la technique. Il peut la renouveler s’il estime que la dysfonction n’est pas suffisament corrigée.

Quels mécanismes musculaires utilise-t-on pour la correction ?

La force de contraction musculaire peut varier en fonction de la région travaillée mais elle doit rester tolérable tant pour le patient que pour le praticien. La contraction du patient et la résistance du praticien ne constituent en aucun cas une compétition qui rendrait inefficace la technique d’énergie musculaire. En principe, la force de contraction engendrée par le patient est la quantité de force la plus faible nécessaire à rendre une secousse musculaire palpable sur le niveau traité par le praticien. Deux modes d'action sont fréquemment utilisés dans les techniques d’énergie musculaire :

La relaxation postisométrique

  • Le praticien demande au patient de contracter isométriquement le ou les muscle(s) agoniste(s) contribuant à la dysfonction sur environ 3 à 6 secondes. La contraction se fait donc dans le sens de la dysfonction.

  • Cette contraction engendre un réflexe d'inhibition avec pour conséquence une augmentation de la longueur musculaire. 

  • Le praticien profite ainsi de la phase de relaxation post-isométrique pour atteindre la nouvelle barrière motrice sur 6 à 10 secondes. La manœuvre est répétée 3 à 6 fois afin de pouvoir corriger la dysfonction.

L’inhibition réciproque

  • Le praticien place la zone en dysfonction au niveau de la barriere motrice puis demande au patient de contracter très légèrement le ou les muscles antagoniste(s) non impliqué(s) dans la dysfonction en lui demandant de pousser très doucement contre la barrière. La contraction se fait donc dans le sens opposé à la dysfonction

  • La contre-force exercée par le praticien est dirigée à distance de la barrière motrice.

Comment utiliser la respiration du patient ?

Une respiration lente et profonde du patient accompagnée par le praticien est recommandée pour favoriser le relâchement musculaire.

Le muscle diaphragme au cours de l'inspiration peut agir sur l’ensemble des muscles du corps du fait notamment de la continuité fasciale. Le praticien peut donc s’appuyer sur une assistance respiratoire pour améliorer l’efficacité de sa technique. Il demande au patient par exemple une apnée inspiratoire au moment de la contre-résistance puis ensuite de relâcher et expirer ce qui permet au praticien d’atteindre la nouvelle barrière motrice. Il est possible d’adapter à chaque technique et à chaque patient le moment de la respiration le plus adéquat avec ou sans apnée en fonction du ressenti du praticien et du patient.

Comment adapter les techniques dans sa pratique ?

La nature et la durée de la contraction musculaire sont variables d'un patient à un autre et d’une région anatomique à une autre. Quand la force de contraction exercée par le patient est incorrecte, trop ou pas assez intense, la technique peut ne pas être totalement efficace. De même, si la contraction exercée par le patient est trop brève son efficacité sera amoindrie. 

 

Les muscles sont morphologiquement différents entre eux. Ainsi, la façon đont ils répondent à des contractions isométriques est variable. Dans certaines zones, le maintien d'une contraction musculaire pendant 5 secondes ou plus s'avère nécessaire là où 3 secondes peuvent suffire pour d'autres. L'expérience pratique permet d'apprécier ces besoins.

 

Il est important également de bien comprendre la spécificité du positionnement du patient qui doit en toutes circonstances être en situation confortable. 

 

L'énergie musculaire peut, comme la plupart des autres techniques ostéopathiques, être combinée à d'autres techniques comme celles des tissus mous, des fascias et bien sûr les techniques Haute Vélocité Basse Amplitude. Les positions des traitements étant très similaires à celle des techniques Haute Vélocité Basse Amplitude, il peut être possible de passer d'une technique Energie Musculaire à une technique HVBA si elle n'est pas totalement efficace. L’énergie musculaire peut également permettre le succès d’une technique HVBA.

Sources

1.    Colot, T. Verheyen, M. (1998) Manuel pratique de manipulations ostéopathiques.

2.    Alexander S. Nicholas (2019) Atlas des techniques ostéopathiques.

3.    F. Le Corre et E. Rageot (2005) Atlas pratique de médecine manuelle ostéopathique.

4.    J.L. Drouet et C. Bregeon, (1994) Les manipulations vertébrales.

5.    Mitchell F, Moran P, Ptuzzo N. (1979) An evaluation and manual treatment of osteopathic muscle energy procedures.

6.    Mitchell Jr FL, Mitchell PKG. The Muscle Energy Manual. Vol 1. Michigan: MET Press; 1995.

7.    Mitchell Jr FL, Mitchell PKG. The Muscle Energy Manual. Vol 2. Michigan: MET Press; 1998.

8.    Mitchell Jr FL, Mitchell PKG. The Muscle Energy Manual. Vol 3. Michigan: MET Press; 1999.

9.    A. Chantepie J.F. Perot (2009) Techniques myotensives rachidiennes.

10. Fryer G. (2011) Muscle energy technique: An evidence-informed approach, international journal osteopathic medicine.

  11. https://www.osteomag.fr/non-classe/portrait-de-fred-mitchell-jr-do/