Quel est l’intérêt de la tenségrité pour l’ostéopathie ?

Parlons aujourd’hui de la tenségrité et son intérêt en ostéopathie.

 

L’ostéopathie moderne se base sur des éléments biophysiques permettant de comprendre les liens du corps. L’organisme vivant est en permanence en mouvement, que ce soit au niveau macroscopique ou microscopique, ce qui permet des échanges. La qualité et la quantité de ces échanges sont permises par une organisation architecturale équilibrée de l’organisme. La notion de tenségrité permet entre autre de mieux comprendre la fluctuation de ces échanges ainsi que la notion d’équilibre et de transmission des forces au sein du corps.

Qu’est-ce que la tenségrité ?

La tenségrité est un terme francisé dérivé de « tensegrity », un mot anglais dû à Richard Buckminster Fuller qui en fait la première description en 1961. Il résulte de la contraction des mots « tensile » (tension) et « integrity » (intégrité), ce qui illustre l’une des caractéristiques principales des systèmes fonctionnant de la sorte. Ce terme fut d’abord employé en physique, puis introduit en architecture, dans les arts et enfin plus récemment en biologie grâce à Donald Ingber qui en fit une démonstration appliquée rendue publique en 2003.

Tensegrity

La structure de tenségrité est un système spatial dont la rigidité et la stabilité proviennent de son état d’autocontrainte. L’équilibre est ainsi assuré par une continuité de tension avec la combinaison de compression et de traction dans les éléments constituant la structure.

Quelles sont les caractéristiques de la tenségrité ?

Les structures établies par la tenségrité sont stabilisées, non par la résistance des constituants individuels, mais par la répartition et l'équilibre des contraintes mécaniques dans la totalité de la structure. Ces structures se répartissent en deux catégories.

 

Dans la première, on classe les armatures constituées de tiges rigides, dont chacune peut travailler en traction et en compression ; l'orientation des tiges détermine la position de chaque articulation et garantit la stabilité de la structure.

 

La seconde catégorie englobe les structures stabilisées par précontrainte, les éléments travaillant en traction sont distincts de ceux qui travaillent en compression. Au sein de la structure, les tiges rigides en compression exercent une force de traction sur les éléments élastiques en traction, qui, eux-mêmes, compriment les tiges rigides. Ces forces s'équilibrent dans l'ensemble de la structure et la stabilisent.

 

Ces deux types de structures ont une caractéristique commune : les forces sont transmises à tous les éléments structuraux. En d'autres termes, un accroissement de la tension sur l'un des éléments est transmis à tous les autres éléments de la structure, y compris les plus éloignés. Cette augmentation globale de la tension est équilibrée par une augmentation de la compression de certains éléments de la structure. Cette structure se stabilise par un mécanisme associant tension globale et compression locale.

Structure

Quelle est son application à une structure vivante et à l’ostéopathie ?

Donald Ingber, biologiste cellulaire de Harvard, a élaboré un modèle architectural structurel composé d’éléments de tension et de compression pour décrire un plan d’organisation plus sophistiqué de l’organisme, en partant de la molécule la plus petite pour arriver au niveau de la forme anatomique la plus grossière. Il a démontré ainsi la relation structure/fonction des tissus comme une continuité. Ingber a ainsi prouvé scientifiquement la pertinence de deux principes essentiels de l’ostéopathie :

  • L’interrelation entre la structure et la fonction ;
  • Le corps est une unité indivisible et indissociable.
Tenségrité en ostéopathie

En matière de biomécanique, la tenségrité permet d’unifier l’approche ostéopathique. Elle démontre que le test ostéopathique, qui s’intéresse aux mouvements mineurs de la structure permettant ses mouvements majeurs, est un test en déformation par l’application d’une contrainte sur la structure.

Sources

1 - Mégret J.-F., La tenségrité, vers une biomécanique ostéopathique, mémoire de fin d’études pour l’obtention du diplôme d’ostéopathie, juin 2003.

2 - Huteau B. Le Bourdais F. et Usureau O., Diagnostic Ostéopathique – Rachis et squelette appendiculaire, 2009.

3 - ANDREVA-DUVAL. J. Techniques Ostéopathiques d’Equilibre et d’Echanges Réciproques. Introduction à l’approche ostéopathique du Dr Rollin Becker, DO. Sully ; 2008. 

4 - SCARR.G. Biotenségrité, base structurelle de la vie. Sully ; 2014.